Selon Albert Dauzat (Dictionnaire Etymologique des Noms de Lieux), le nom de Buthiers proviendrait du nom d’homme germanique “Botthar”. D’autres sources optent plutôt pour une une origine Gauloise, dérivée du mot “buria”, signifiant “cabane en pierre”.
Buthiers-village et Roncevaux ont relevé sous l’Ancien Régime du domaine du château de Malesherbes (familles de Graville, puis Balzac d’Entragues, puis Lamoignon). Cette dernière famille, propriétaire du château de Malesherbes de 1720 à 1997, a compté parmi ses membres les plus illustres Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, dit M. de Malesherbes, ministre puis défenseur de Louis XVI.
Auxy, mais aussi la paroisse d’Herbeauvilliers, dépendaient de l’Abbaye de Montmartre ; le fermier receveur, détenteur du pouvoir de haute, moyenne et basse justices, résidait dans la grande ferme de ce village, dont on peut encore admirer le porche ancien.
Jusqu’au XIXè siècle, la population de nos villages était composée essentiellement de petits paysans et journaliers, vivant de polyculture (céréales, vigne, cultures vivrières…) et d’élevage (bovins, ovins, volailles…).
Les marais de la vallée de l’Essonne, propriétés indivises encore au XIXè siècle des “communautés d’habitants” d’Auxy, Buthiers et Roncevaux, permettaient le pacage des bovins, et fournissaient le chaume ; les coteaux, aujourd’hui boisés, étaient le domaine des moutons ; seul le plateau – très aride au niveau de l’église de Buthiers, de bonne qualité autour d’Herbeauvilliers – permettait des rendements convenables. On peut également noter l’importance passée des zones de jardins, entre les bas coteaux et les marais ; certaines de ces zones – par exemple route de Puiseaux, entre Buthiers et Roncevaux – sont aujourd’hui presque entièrement urbanisées.
La création en 1850 de la “route du Berry”, “de Champrosay à Argent-sur-Sauldre”, devenue N 448, puis D 410, suscita le développement de Roncevaux (et son dédoublement : axe ancien, rue des Lilas, rue des Bois, rue du Plateau ; axe nouveau, rue des Roses). Des habitations résidentielles, voire de villégiature, des commerces (deux cafés restaurants), apparurent aux environs de 1900. L’arrivée du chemin de fer à Malesherbes en 1865 et le développement de la gare (jusqu’à 80 employés) amenèrent une population nouvelle, et relativement importante, de cheminots. Le passage de la ligne « stratégique » Malesherbes-Bourron (1881/1886) entraîna la transformation de certains secteurs de Roncevaux : la promenade actuelle de la “vieille ligne” et la rue des Vergers constituent un tracé délaissé de cette ligne ; la tranchée de Rochefort, a été mise à profit par la carrière de la SAMIN.
Mais malgré les demarches répétées du Conseil Municipal, entre 1890 et 1920, Roncevaux n’a pas eu droit à sa gare… contrairement à Herbeauvilliers ! (Cette ligne de chemin de fer a effectivement rempli son rôle pendant les deux guerres. Fermée au trafic voyageurs depuis 1938, elle a connu ensuite un important trafic de betteraves, puis de sable).
Le développement des autres hameaux de la commune, restés à l’écart d’axes de circulation importants, est plus récent. Buthiers-village, quoique détenteur de la mairie-école, est resté très modeste jusqu’au milieu du XXè siècle ; la renommée des “roches de Buthiers” (fréquemment attribuées à Malesherbes : voir les cartes postales anciennes…) n’en était pas moins considérable. Elles sont devenues dès le début du XXè siècle un lieu de détente apprécié des Parisiens, qui trouvaient même là plusieurs “guinguettes”, dont “Chez Canard”…
Le coteau entre Buthiers-village et l’église s’est bâti à partir des années 1950 ; la rue des Roches a fait l’objet d’un petit lotissement (8 maisons) dans les années 1960. Alors que d’importants secteurs de bois étaient clos, et plusieurs villas “haut de gamme” construites, la Région Ile-de-France décidait dans les années 1970 la création d’une “base de loisirs” sur 150 hectares de bois entre Buthiers-village et Auxy ; l’acquisition par la collectivité de cette zone connue depuis longtemps des amateurs de varappe en a assuré la sauvegarde et le libre accès pour la population. La reconstruction par la Base de Loisirs, en 2001, du “clocheton de la Roche aux Amis”, qui fut longtemps le symbole des bois de Buthiers, a permis de renouer avec le passé de la Commune…
A Herbeauvilliers, resté longtemps un village agricole caractéristique du plateau gâtinais, un lotissement de 7 maisons (rue de la Gare) a été créé dans les années 1970. A la même époque, des villas se sont construites dans des grandes parcelles du “bois du Guichet”.
Dans l’ensemble de la commune, la disparition de la petite exploitation agricole (une cinquantaine de “cultivateurs” en 1938, trois exploitants aujourd’hui…) a libéré un bâti ancien, souvent restauré à usage de résidences secondaires.
Patrimoine – Bâtiments
Églises
Église de Buthiers
Deux paroisses, devenues communes à la Révolution, ont coexisté jusqu’à leur réunion, en 1841 : Buthiers, avec ses hameaux de Roncevaux et d’Auxy (280 habitants vers 1835) Herbeauvilliers (130 habitants vers 1835).
L’église de Buthiers est dédiée à St Maur ; elle date, pour ses parties les plus anciennes, du XIIIè siècle.
Suite à un effondrement causé par la foudre, elle a perdu deux travées sur cinq en 1821. Située sur le rebord du plateau, elle constitue le vrai centre historique de la commune, car elle est reliée directement aux deux hameaux (Auxy et Roncevaux) par le “chemin de la Messe”. Selon une hypothèse non vérifiée à ce jour, le village de Buthiers aurait été situé, en des temps anciens, autour de l’église, et serait descendu dans la vallée pour un accès plus facile à l’eau, ou suite à une
épidémie ?
Quoi qu’il en soit, nous savons que quelques bâtiments (dont une ferme et le presbytère) ont subsisté dans sa proximité jusqu’au XIXè siècle.
Notre église, remarquable par sa situation isolée, a été complètement restaurée en 1993-95.
Clocher de l’Église de Buthiers
Église d’Herbeauvilliers
L’église, très simple, est dédiée à St Laurent ; elle a également été restaurée. Le cimetière a été déplacé au début du XXè siècle (dans les mêmes années, on a comblé la grande mare située à l’emplacement de l’actuelle pelouse).
Ces deux paroisses étaient du ressort de l’évêché de Sens, mais étaient rattachées administrativement à l’élection de Pithiviers et à la généralité d’Orléans. La création en 1790 du département de Seine-et-Marne, et l’inclusion de la commune de Buthiers dans le canton de La Chapelle-la-Reine, a donc mis fin à une solidarité ancienne avec Malesherbes et l’Orléanais.
Vieux Puits
La restauration du Vieux Puits de Buthiers a été réalisé en 2015. peu de Buthérois en connaissaient l’existence, car il avait disparu depuis bien des lustres sous une énorme carapace de lierre…
On put alors constater après le passage d’une mini-pelle, que les murs subsistaient à moitié. La partie haute a été reconstruite ainsi qu’une charpente à deux pans. Dans un souci de sécurité, une grille a été placée au-dessus du Puits proprement dit.
Archéologie
Grotte de la Hache
La Préhistoire à Buthiers
Des occupations très anciennes
Le territoire de la commune de Buthiers, traversé par l’Essonne, s’inscrit dans le paysage pittoresque du Massif de Fontainebleau caractérisé par ses chaos rocheux. Les énormes blocs de grès recèlent des cavités ou abris sous roches qui ont été occupés par les hommes dès le Mésolithique : période chronologique succédant au Paléolithique et comprise entre 9 500 et 5 100 avant notre ère. Les hommes vivaient encore en nomade de la chasse et de la cueillette, dans un environnement marqué par un réchauffement climatique et la reconquête de la forêt.
Un art rupestre typique du massif de Fontainebleau
De nombreux abris, dont certains sont connus depuis le XIXe siècle, comportent des parois gravées de motifs singuliers. Buthiers a le privilège d’en conserver l’une des plus importantes concentrations : environ 120 ont été répertoriés par le Groupe d’ Étude, de Recherche et de Sauvegarde de l’Art Rupestre (GERSAR). Ces abris, de taille réduite, semblent être des lieux cultuels privilégiés où étaient exprimés les rapports avec le surnaturel.
Les gravures, généralement non figuratives, ont des formes géométriques simples (sillons, quadrillages, cupules, etc.). La découverte d’outils en silex émoussés, appelés « gravoirs », parmi le mobilier archéologique mis au jour notamment dans la « Grotte de Chateaubriand », permet d’attribuer une partie d’entre elles au Mésolithique, et plus précisément au VIIIe millénaire avant notre ère.
Gravures rupestres
La Grotte de Chateaubriand
Photo Laurent Valois (GERSAR)
Des vestiges néolithiques
Subsistent aussi à Buthiers quelques gravures rupestres représentant des haches en pierre polie accompagnées de crosses. La forme des lames de ces haches est celle d’objets véritables, des haches en jade d’origine alpine qui circulaient alors dans toute l’Europe. Elles permettent de dater ces gravures du Ve millénaire avant notre ère. Elles sont l’œuvre de populations au mode de vie sédentaire fondé sur l’agriculture et l’élevage.
Si deux cavités contenant ce type de représentations sont connues de longue date, la découverte la plus remarquable ne remonte qu’à 2013 : il s’agit d’une composition gravée sur la façade d’un très gros rocher qui comprend un personnage stylisé, associé à une hache polie au manche crossé et à deux embarcations. Cet ensemble a été proposé au classement « Monuments historiques » par la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Île-de-France en novembre 2016.
L’anthropomorphe dit “le Barbu” (Vallée aux Noirs)
Une fouille au pied du rocher a permis de dégager l’ensemble de la composition. Ce type de personnage stylisé et coiffé de motifs à l’apparence de plumes a été identifié sur d’autres sites de la vallée de l’Essonne. Il appartient à un répertoire iconographique régional car on ne connaît pas d’exemples comparables ailleurs, contrairement aux gravures de haches polies que l’on retrouve dans d’autres régions, notamment en Bretagne sur des mégalithes.
Fouilles et relevé Serge Cassen (CNRS), Valentin Grimaud et Laurent Lescop, 2014.
Des fouilles archéologiques, menées en 2005, ont révélé la présence de vestiges néolithiques sensiblement contemporains : un village, attesté par les traces de sept maisons et de deux fours, ainsi que plusieurs sépultures dont les défunts étaient enterrés avec des offrandes (objets personnels et/ou symboliques).Enfin l’occupation néolithique de la commune est également attestée par la présence d’un polissoir près de l’observatoire de l’Île de Loisirs et d’un dolmen (Roche aux Loups) classé « Monument Historique ».
La Roche aux Loups
Le défunt, dont la tombe contenait une hache polie et un pic en silex, était amputé de son bras gauche. Il s’agit de l’acte chirurgical le plus ancien attesté en France.
Fouilles Anaïck Samzun, Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), 2005.
Photo Inrap.